Edito d’André Chassaigne
Partout en Europe, l’extrême droite gagne du terrain, dans les urnes comme dans la rue. Arrivée au pouvoir en Pologne, en Italie, plus récemment au Pays-Bas, elle multiplie aussi les démonstrations de force dans d’autres pays. Après le triste meurtre du jeune Thomas, elle a montré toute sa violence et sa haine à Romans-sur-Isère le 25 novembre. Quelques jours avant, à Dublin, des miliciens d’extrême droite s’étaient mobilisés avec une violence extrême en réaction à une attaque au couteau survenue quelques heures plus tôt. Une exhibition haineuse condamnée sans ambiguïté par le premier Ministre irlandais qui a fait part de sa honte face à ces agissements.
En France, où des rassemblements violents de militants d’extrême droite se sont aussi déroulés à Annecy, Reims, Rennes ou Laval, le gouvernement et la majorité sont apparus plus timorés. Quant à la droite, une large partie d’entre elle a tout simplement refusé de condamner ce qu’il faut bien appeler des tentatives de ratonnades…
Ce poison lent de la xénophobie, de l’antisémitisme, du racisme, distillé avec la complicité de médias sans scrupules, a tout lieu de nous effrayer. Dans le contexte social et démocratique éprouvant que connaît notre pays, la recherche de l’apaisement, de l’union, la préservation du vivre ensemble devraient être une priorité.
Au contraire, les droites ne cessent d’instrumentaliser des faits divers tragiques pour fracturer plus encore notre République. Les atermoiements du gouvernement et de la majorité sur le projet de loi immigration, dont l’examen est en cours à l’Assemblée, nous inquiètent. Le texte final ira-t-il jusqu’à valider une à une les positions historiques du Rassemblement national : préférence nationale, théorie fumeuse de l’appel d’air, voire du grand remplacement ?
Nous n’aurons de cesse, durant ce débat du mois de décembre, de combattre les idées nauséabondes contenues dans le texte qui nous est proposé. Nous lutterons pied à pied pour arracher des dispositions défendant le droit d’asile, comme le droit à un accueil digne et celui de travailler, vecteurs de cohésion sociale et seuls en mesure de répondre avec humanité à des hommes et des femmes meurtris. La voix que nous ferons entendre sera celle de l’hospitalité, de la responsabilité, la voix de la fraternité.
