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Pour une réforme des retraites véritablement progressiste

Tribune.

L’allongement de l’espérance de vie est-il une chance pour la société, ou synonyme de « travailler plus » ? Avec la réforme des retraites qu’il prépare, le gouvernement s’en tient à la seconde option et tourne obstinément le dos au progrès social.

Nous pensons au contraire qu’une autre réforme, progressiste, dans le sillage des idées justes et généreuses portées par le programme des Jours Heureux du Conseil national de la Résistance est possible. En préservant les principes de solidarité, nous proposons des droits nouveaux, à la hauteur d’une société comme la nôtre qui produit beaucoup plus de richesse qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Une retraite à taux plein doit être accessible à partir de 60 ans, d’un montant équivalent à 75 % du revenu d’activité net, indexé sur les salaires. Aucune pension ne doit être inférieure au smic pour une carrière complète. Il est juste, selon nous, de prendre en compte les périodes de formation, de chômage et d’implications familiales (maternité, paternité, aide à un proche en perte d’autonomie), tout comme la pénibilité au travail, dans le privé comme dans le public, avec à la clé des départs anticipés dès 55 ans. La reconnaissance de ces nouveaux droits, communs à tous, est une chance pour toute la société.

En permettant à des salariés de partir à 55 ou à 60 ans, nous allons permettre à des jeunes d’accéder plus vite à l’emploi ! Et nous voulons aussi que les retraités profitent vraiment de cette nouvelle période de la vie après le travail et que toute la société puisse en bénéficier. Comment financer une telle ambition ? La question est bien sûr au cœur de toute réforme des retraites. Mais pour aller vers le progrès, et non la régression, il nous faut actionner d’autres leviers que ceux utilisés depuis 30 ans et qui n’ont rien apporté. Plutôt que d’ériger le niveau des pensions et l’âge de départ en variables d’ajustement du système, nous mettons en avant quatre choix innovants pour financer autrement les retraites.

D’abord en mettant à contribution le capital ! Selon l’Insee, en 2018, les revenus financiers perçus par les entreprises et les banques se sont élevés à 298,8 milliards d’euros ! Alors que les salaires sont soumis aux cotisations sociales, le capital ne cotise pas pour les retraites. Nous proposons que les revenus financiers soient assujettis aux mêmes taux que les salaires. Le taux de cotisation employeur étant de 10,45 %, ce prélèvement pourrait rapporter, dans un premier temps, 31 milliards d’euros à la branche vieillesse de la Sécurité sociale. Nous proposons ensuite de moduler le taux de cotisation sociale, avec un système de bonus-malus. Ainsi, nous proposons que le taux de cotisation dite « patronale » soit alourdi pour les entreprises qui délocalisent ou précarisent l’emploi, rationnent les salaires et les dépenses de formation. A l’inverse, les entreprises qui fondent leur efficacité sur l’embauche et la formation de salarié·e·s qualifié·e·s, tiennent leurs objectifs écologiques et de parité salariale seront soutenues, encouragées, avec une progression moindre de leur taux. Cette modulation apporterait 70 à 90 milliards supplémentaires au bout de 5 ans.

Plus fondamentalement, l’augmentation des salaires est indispensable pour vivre dignement. Nous demandons une hausse de 20 % du salaire minimum et une conférence nationale des salaires pour permettre une hausse générale des salaires, dans le privé comme dans le public. Cela répondrait aux légitimes revendications de nombreuses professions mobilisées actuellement.
3 millions d’emplois, 30 milliards d’euros

Troisième proposition : avec une politique ambitieuse en faveur de l’emploi, nous augmenterons les richesses créées et les possibilités immédiates de financement des retraites. Pourquoi le gouvernement ne tient-il pas compte de ses prévisions en matière de créations d’emplois et donc de cotisations sociales ? La révolution écologique, la relocalisation de l’industrie, le développement de service public sur tout le territoire permettent d’envisager la création au minimum de 3 millions d’emplois supplémentaires, en 5 ans, soit 10 % de population active. Et des emplois bien formés et bien qualifiés ! C’est autant de salarié·e·s qui créent des richesses et cotisent à notre système de protection sociale.

Trois millions de personnes, c’est plus de 100 milliards d’euros de salaires bruts, soit environ 30 milliards d’euros de cotisations sociales supplémentaires, sans compter les économies sur les allocations chômage et minima sociaux.

Tout aussi nécessaire, mais révolutionnaire, l’égalité salariale femmes-hommes apporterait aujourd’hui plus de 6 milliards d’euros supplémentaires pour le financement des retraites. Après 13 lois en 40 ans, les femmes gagnent toujours moins que les hommes, à travail de valeur égale. Nous nous fixons d’aboutir à une égalité réelle en deux ans, avec une loi contraignante.

Ces propositions doivent pouvoir être mise à l’étude par le gouvernement. Elles sont versées au débat, soumises à la discussion des forces syndicales, des forces politiques. Elles montrent qu’il y a d’autres choix possibles, avec une plus grande ambition pour notre pays, pour le monde du travail.

Fabien Roussel secrétaire national du PCF

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