Monsieur le Président de la République,
Il y avait de la gravité et du désarroi sur les visages, dans les interventions et dans les silences ce mercredi au foyer rural de Neuville-Ferrières en pays de Bray où j’avais pris l’initiative de réunir les agricultrices et les agriculteurs frappés par l’accident de Lubrizol, survenu le 26 septembre dernier.
Ils étaient plus de 150, représentants de toutes les filières et activités : lait, polyculture, élevages de brebis, de chèvres, producteurs d’œufs, maraîchers, apiculteurs, venus, aux côtés des maires des communes rurales concernées, nous demander que l’Etat mesure l’urgence qu’il y a à se porter concrètement, au chevet de l’agriculture pour traverser cette crise qui s’ajoute aux difficultés structurelles lourdes du secteur.
Monsieur le Président, sans entrer dans le détail des multiples questions posées que je relaierai dès ce vendredi auprès du Préfet de Région lors de l’installation de la commission « transparence » à Rouen, je veux solennellement attirer votre attention sur plusieurs points.
Deux semaines après l’incendie industriel, il n’y a plus de trésorerie dans les exploitations, les vendeurs directs n’ont plus de recettes. Dix jours après la visite du Ministre de l’Agriculture à Rouen, il n’y a plus de quoi nourrir les bêtes. Douze jours après la prise de l’arrêté préfectoral, la seule solidarité qui s’est mise en place, n’est pas celle de l’Etat, mais celle de l’interprofession laitière, de la Chambre d’Agriculture et des organisations syndicales.
Comme je l’ai rappelé ce mardi, lors des questions au Gouvernement, personne ne conteste le principe de précaution actionné par l’Etat. C’est d’ailleurs un principe constitutionnel. Personne ne peut renoncer à envisager de faire payer le ou les responsables de cette pollution grave. Mais, sans attendre un jour de plus, pour donner du sens et du contenu à la Solidarité Nationale, pour donner du sens et du contenu à la République qui protège et qui ne doit oublier personne, pas plus les habitants de l’agglomération rouennaise que ceux de ma circonscription en pays de Bray, je vous demande, solennellement, sans plus laisser perdre un instant, de déclencher ces indemnisations vitales à la survie de nos agricultrices et de nos agriculteurs autour desquels, il faudra se mobiliser dans la durée.
Symboliquement, je relaie aussi l’importance que nous aurions accordé, dans un territoire qui se sent souvent oublié par la République, à ce que le Président de la République vienne annoncer ces mesures de Solidarité Nationale.
Persuadé que vous entendrez le bruit sourd de cet ultime appel à être respecté, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de ma très haute considération.