Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur le thème « Ecole publique face aux politiques de tri social »

QUESTION AU MINISTRE

Je commencerai par vous dire, madame la ministre, que l’idée d’instaurer des groupes de niveau est un trompe-l’œil, qui produira l’exact inverse d’une réduction des inégalités. J’ai bien entendu que vous aviez perçu ses potentiels effets problématiques et que vous vous efforceriez de les limiter, mais ces groupes ne me semblent pas constituer un bon outil pour lutter contre les inégalités : ils contribueront au contraire à les aggraver.

De manière peut-être un peu provocatrice, je veux vous demander si vous estimez qu’il faut « réarmer » l’école. L’usage de vocable me choque et je ne suis pas certain d’adhérer à ce qu’il sous-tend. D’abord, s’il faut réarmer l’école, qui l’a désarmée ? Pourquoi en sommes-nous arrivés à la situation actuelle, dont je ne suis d’ailleurs pas sûr qu’elle fasse l’objet d’un diagnostic unanimement partagé ?

Ensuite, je vois derrière cette idée de réarmement une conception quelque peu autoritaire de l’éducation, perceptible à travers divers propos et même à travers certaines propositions, ainsi qu’une volonté d’uniformisation – je songe à l’uniforme, mais pas seulement. Je m’interroge sur cette école de la mise au pli, sinon de la mise au pas. Je souhaite connaître votre sentiment sur ce point.

Enfin, tout ce que je viens d’évoquer me semble concourir à ne susciter qu’une faible adhésion du corps enseignant au cap que vous proposez. N’est-ce pas une des dimensions de la crise de sens que rencontrent les personnels ?

Mme la présidente

La parole est à Mme la ministre.

Mme Nicole Belloubet, ministre

Vous posez une question sur le sens et une question technique.

S’agissant de la première, je crois profondément qu’il faut donner aux élèves les outils de base pour leur permettre de vivre dans la société et qu’il faut permettre aux enseignants de transmettre les apprentissages fondamentaux et, au-delà, tous ceux qui ont du sens. Ce processus concerne à la fois les élèves et les professeurs : chacun doit être doté des outils nécessaires. C’est très important pour que les élèves se sentent bien dans leur vie en société et pour que la République prenne tout son sens.

Vous m’interrogez ensuite sur une conception autoritaire de l’école qui pourrait surgir de différents processus en cours. Pour ma part, je suis favorable à l’autorité – j’ai déjà eu l’occasion de le dire et de l’écrire : le fonctionnement d’une école suppose des règles qui doivent être respectées, tout comme doit l’être l’ensemble de la communauté. Nous ne sommes toutefois pas désireux, bien évidemment, que cette autorité s’accompagne de penchants autoritaristes. Il n’est d’ailleurs nullement question de cela : nous réaffirmons l’autorité sans glisser vers l’autoritarisme. Je distingue bien les deux.

Enfin, s’agissant des groupes de niveau – il ne saurait être question de classes de niveau –, je répète qu’afin de parvenir à une meilleure maîtrise des savoirs fondamentaux, les élèves doivent pouvoir travailler au sein de groupes qui répondent à des modalités d’apprentissage différenciées tout en visant une même exigence pour tous. Je me tiendrai à cette ligne.

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