Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur le thème « Ecole publique face aux politiques de tri social »

QUESTIONS AUX INVITES

Je suis du département du Cher, qui est à la fois rural et urbain – rurbain, donc. On entend monter la petite musique de la division entre le rural et l’urbain au sujet des suppressions de poste. Certains de mes collègues parlementaires proposent de supprimer les dédoublements en grande section, en CP et en CE1 pour recréer des postes en milieu rural et sauver ainsi les classes rurales. C’est un sujet qui mérite d’être pris en compte, sans quoi nous risquons de diviser encore davantage nos concitoyens. Quel est votre avis sur le sujet, sachant que les 650 postes de ce dispositif équivalent à 30 ou 35 millions d’euros, c’est-à-dire à l’épaisseur du trait dans le budget de l’État ?

Un deuxième sujet que nous n’avons pas encore évoqué est la question de l’uniforme. Si j’en parle, c’est parce qu’une classe doit fermer dans une école de ma circonscription qui lance l’expérimentation : elle compte 315 élèves, ce qui fait à peu près 60 000 euros d’uniformes ; avec cette somme, le poste est sauvé. Je me permets ce raccourci qui a le mérite d’être clair. Que pensez-vous de l’uniforme et croyez-vous qu’il réglera la question du tri social ?

Ma troisième question porte sur les cités éducatives. On a parlé tout à l’heure des REP et des REP+. Ne pensez-vous pas que la généralisation des cités éducatives permettra d’améliorer les performances et de hisser tout le monde au niveau ?

Enfin, la quatrième question est plus anecdotique. À la suite des polémiques de janvier, comme tout le monde, je suis allé voir ce qu’était le collège et lycée Stanislas. J’ai vu que sa devise était : « Français sans peur, chrétien sans reproche. » J’ai très peur d’une telle devise, et je me demande si la dernière phrase n’est pas : « Sus à Jérusalem ! »

Mme la présidente

La parole est à Mme Guislaine David.

Mme Guislaine David

Au sujet de la carte scolaire, on ne peut pas opposer urbain et rural, car le rural présente des conditions particulières que l’on ne retrouve pas en milieu urbain. On pourrait parler des écoles de montagne ; je sais que les maires de montagne sont très mobilisés sur la question. S’il y a parfois des effectifs très allégés en milieu rural, c’est parce qu’il n’y a pas d’école à moins de 20 ou 30 kilomètres ; pour attirer les parents dans ces communes, il faut bien évidemment y maintenir les écoles. Je ne sais pas si la discussion lancée par Élisabeth Borne avec les maires au sujet d’un moratoire de trois ans pour la préparation de la carte scolaire a abouti. Il me semble qu’il n’en est pas ressorti grand-chose, mais ce dialogue est nécessaire.

Au sujet de l’uniforme, ma réponse sera courte et elle ne vous surprendra pas : il ne sert à rien. On le sait, ce n’est pas la peine de faire des enquêtes et des études sur le sujet. Cette mesure n’aura pas d’effet sur les inégalités sociales et elle fait dépenser inutilement un argent dont nous aurions bien besoin pour mettre des enseignants dans les classes, recruter des remplaçants et faire réussir les élèves. Cela, les enseignants le disent, et les parents le diront peut-être.

Mme la présidente

La parole est à Mme Ghislaine Morvan-Dubois.

Mme Ghislaine Morvan-Dubois

Concernant le choix cornélien entre rural et urbain, les parents préféreraient effectivement que les 2 milliards d’euros qui seront consacrés aux uniformes servent à financer l’enseignement.

Pour ce qui est des cités éducatives, l’expérimentation nous paraît à même de permettre réellement à la communauté de dialoguer autour de l’éducation et de l’école. Dans le 18e arrondissement de Paris, on a vu que le dispositif permettait réellement de remobiliser des parents éloignés de l’école.

Je ne ferai pas de commentaire sur Stanislas, mais la FCPE est très attachée à la laïcité.

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