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Travail : réforme des retraites

Tout d’abord, je suis rassuré pour la retraite de Bernard Tapie. Je le voyais réduit au minimum vieillesse, mais ce matin, j’ai appris comme vous qu’il allait toucher la bagatelle de 210 millions d’euros. Ouf ! Il revient de loin !
Le peuple descend par millions dans la rue pour exiger le retrait de ce projet de loi inique. La mobilisation va crescendo, elle ne s’arrêtera pas. Dans les jours à venir, la pression ne fera que croître. C’est la réalité ; ce ne sont pas des menaces. Ce n’est pas le Parlement qui aura le dernier mot, mais bien les Français ; souvenons-nous du CPE.
Pour 1’instant, le Gouvernement reste droit dans ses bottes, ou, plutôt, dans celles du patronat (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), mais cela peut vite changer.
Il faut bien indiquer aussi que la politique française est totalement corsetée par le FMI et l’Union européenne. Cet été, dans un bulletin d’information, le Fonds monétaire international s’est félicité de la réforme UMP des retraites. Celle-ci mettrait « à juste titre l’accent sur le relèvement de l’âge du départ effectif à la retraite, en faisant passer de soixante à soixante-deux ans l’âge légal du départ en retraite et de soixante-cinq à soixante-sept ans l’âge légal minimum ouvrant droit à une pension complète. »
Il faut lire les bulletins du FMI, c’est très éclairant !
Cette orientation grave est d’ailleurs en phase avec les recommandations ultralibérales de l’Union européenne en matière de retraite.
Cette institution supranationale du capital, dans ses modes de prise de décision, contourne en permanence les citoyens et viole la souveraineté populaire. Rappelons-nous les conclusions du calamiteux conseil européen de Barcelone en 2002, qui avait conclu qu’il « faudrait chercher, d’ici à 2010, à augmenter progressivement d’environ cinq ans l’âge moyen effectif auquel cesse l’activité professionnelle. » Avec la réforme de 2003 et celle-ci, nous y sommes, chers collègues !
Plus récemment, la Commission européenne de Bruxelles, qui n’a aucun mandat du peuple, s’est crue autorisée à pondre cet été un Livre vert dans lequel elle préconise l’augmentation automatique de la durée de cotisation en fonction de l’espérance de vie.
Derrière une approche technique et juridique, elle y préconise également une « éducation financière » des travailleurs, priés de se comporter en boursicoteurs éclairés pour assurer l’avenir de leur retraite. Il faudrait ainsi que « les citoyens possèdent des compétences adéquates en matière d’économie et de planification pour éviter les biais comportementaux. » Au vu de ce charabia technocratique, on se demande de quel côté est le « biais comportemental ». Le choix politique sous-jacent, lui, est clair. La boucle est bouclée d’un carcan international maléfique qui enserre toujours un peu plus les peuples, jusqu’à l’étouffement.
Je dénonce solennellement ici l’immixtion inacceptable de la Commission européenne et du FMI dans le débat sur les retraites. Celui-ci n’appartient qu’aux peuples et non à des pseudo-élites à la solde du capitalisme financier. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Malheureusement, la majorité s’aligne sur les pires thèses libérales.
Nombre de ses amendements ont ainsi pour but de renforcer la place des assurances privées et de la capitalisation.
L’UMP veut cyniquement profiter de la crise pour porter un grand coup de poignard aux travailleurs ! Ne ressortez pas les vieilles recettes de quatre-vingt treize – 1993, pas 1793, vous n’étiez pas là ! – et de 2003 ; leur bilan est particulièrement lourd. Je rappelle que le niveau des pensions a déjà baissé de 15 % à 20 % suite à votre politique.
Dans le Nord, une étude indique que la moitié des salariés gagne moins de 1 500 euros par mois. Or qui dit salariés pauvres dit retraités miséreux. Dans ce département, la pension moyenne des retraités de soixante-dix ans est de 710 euros pour les hommes ; de 533 euros pour les femmes et 90 % des retraités touchent moins de 1 000 euros par mois. Il est scandaleux de faire vivre nos concitoyens avec de telles oboles, alors que les fortunes des familles Arnault, Mulliez, Bettencourt sont de plus en plus insolentes.
Et il faudrait accepter de nouveaux sacrifices ? Je dis non, trois fois non ! Une autre voie est possible, celle d’une meilleure répartition des richesses créées par les salariés. Je ne détaille pas, mes collègues communistes, républicains, et du parti de gauche l’ont très bien fait. Ayons le courage d’euthanasier les rentiers plutôt que les travailleurs ! (Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
En 1945, dans une France en ruine, les forces du pays réunies au sein du CNR avaient su se rassembler pour inventer un système de retraite par répartition solidaire. Les ministres communistes, comme Ambroise Croizat, avaient pris toute leur part à cette union nationale.
Aujourd’hui, sortons la France des fourches caudines du FMI, de l’Union européenne et des marchés financiers, qui menacent sans arrêt les travailleurs de nouveaux tours de vis ! Établissons un monde dans lequel l’économie passerait après l’humain. Oui à une société du temps libre, à une société solidaire ! Oui, chers collègues, le projet communiste est d’actualité, et la lutte continue ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR. – (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
 
 
 

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Jean-Jacques
Candelier

Député du Nord (16ème circonscription)
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