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PnR Défense des démocraties face aux multiples menaces

Cette proposition de résolution est une farce, au sens littéraire du terme, c’est-à-dire une scène dont le comique repose sur l’aspect caricatural des personnages.

Le personnage central de cette farce, c’est le peuple. Un peuple manipulable, donc dangereux – bête, en somme, incapable de réfléchir par lui-même.

C’est là que le deuxième personnage apparaît, porté en majesté, luttant contre les forces obscures du mal : votre majorité. Placés au-dessus des peuples imbéciles, vous distribuez les bons et les mauvais points au monde entier en y allant à la louche – on y trouve un peu de Corée du Nord et un peu d’Iran mais aussi du Hamas et de la Russie. Tout y est !

Voici donc la troisième galerie de personnages : la ribambelle des mauvais. On appréciera d’ailleurs vos deux passages sur l’Azerbaïdjan qui, comme chacun sait, est un peu méchant mais pas trop quand même – puisque nous lui vendons beaucoup d’armes et qu’il nous cède son gaz.

Le passage sur le Sahel est évidemment une caricature hallucinante ; on y retrouve tout le déni de l’exécutif s’agissant de son rôle dans cette région. La France est tellement parfaite que si elle n’est plus la bienvenue au Mali ou au Burkina Faso, ce ne peut être qu’à cause de manipulateurs extérieurs ; cela n’a évidemment rien à voir avec le franc CFA ou la diplomatie à géométrie variable dans la région !

Un troisième mandat validé par Paris ici, un troisième mandat condamné par Paris là… Nous pourrions passer des heures à commenter ce texte caricatural mais concentrons-nous sur l’essentiel. Lorsqu’on critique à tour de bras, il faut quand même s’attendre à se voir suggérer de balayer devant sa porte.

Pour vous aider à passer ce coup de balai, voici nos propositions. Puisque la démocratie ne fonctionne que si l’on respecte le peuple, il faudrait que figure dans cette proposition de résolution quelque chose comme « encourage le Gouvernement à stopper ses réformes lorsque plus des deux tiers des Français les refusent ». Hélas, ce n’est pas le cas.

La réforme des retraites a fait du mal à la démocratie ; c’est la faute de votre majorité et de l’exécutif, qui ont agi contre le peuple.

Une démocratie à la française, forte, doit faire résonner au quotidien les trois mots inscrits au fronton de tous nos édifices publics.

Liberté, tout d’abord. Comment faire vivre la liberté à la française lorsque vous enfermez à tour de bras les manifestants et donnez aux policiers l’ordre d’user de moyens de répression inédits ? Ou lorsque vous empêchez les citoyens de manifester leur solidarité à l’égard du peuple palestinien, qui meurt sous les bombes, au prétexte que ce serait du racisme à l’encontre de ceux qui les lui envoient ?

Comment faire vivre la démocratie quand vous refusez de lutter contre la concentration des médias ?
Égalité, ensuite. Comment faire vivre la démocratie alors que les inégalités entre les Français n’ont jamais autant explosé que sous le quinquennat Macron et que les déserts médicaux couvrent presque toute la carte de l’Hexagone et des outre-mer ?

Fraternité, enfin. Comment renforcer la démocratie alors que vous soufflez sur les braises pour diviser les Français – en chassant les migrants ou en rendant l’asile presque impossible, au mépris du droit international ?
Et comment pouvez-vous donner des leçons au monde entier quand vos indignations sont à géométrie variable ? Pourquoi la France n’applique-t-elle pas à l’encontre de Netanyahou le même régime de sanctions qu’envers Poutine ? Après tout, l’un comme l’autre pratiquent la colonisation illégale et ensanglantent toute une population.

Pourquoi ne faites-vous rien pour résoudre les conflits gelés des Nations unies ? Pourquoi, alors que vous évoquez à juste titre l’importance de la Cour pénale internationale, n’avez-vous jamais rien fait pour que le rythme des enquêtes en cours – notamment celle sur la guerre menée en 2014 par Israël à Gaza – s’accélère ?

Cette résolution internationale et politique est donc bien une farce, qui met en scène des personnages parfaitement caricaturaux et ne laisse aucune place à la nuance.

Mais là s’arrête la comparaison car l’état du monde et celui de la France méritent mieux qu’un tel texte. Cette farce ne nous fait pas rire. Elle nous accable, tant votre déni et votre posture morale sur la scène diplomatique sont étouffants.

Alors, s’il vous plaît, la prochaine fois, choisissez plutôt l’humilité ! Ce trait de caractère aidera bien plus nos diplomates, qui doivent en avoir par-dessus la tête de vos gesticulations contre-productives.

Enfin, au nom de mon groupe, permettez-moi d’avoir une pensée pour les victimes de l’attentat survenu ce samedi à Paris et de saluer tous ceux qui œuvrent pour notre sécurité.

(Applaudissements sur les bancs du groupe GDR-NUPES.)

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