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Finances : pour une fiscalité juste et efficace

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État chargé de la fonction publique, mes chers collègues, aucune sortie de crise n’est possible et durable sans que nous nous attaquions aux deux causes fondamentales de cette crise : les inégalités, dont « la montée a été une source de la crise », selon le rapport de la commission Stiglitz remis à l’ONU, et la dictature des marchés financiers, dont la loi unique est le fric pour le fric et le fric par le fric, loi que vous avez initiée et soutenue avec vos théories du « tout marché », du « tout déréglementé », du « tout privatisé » et de la liberté de circulation des capitaux, inscrites dans le traité de Lisbonne. C’est ainsi que le rapport Stiglitz conclut : « La crise ne résulte pas d’une ou plusieurs défaillances du système ; c’est le système lui-même qui en est la cause. »
La proposition de loi que nous soumettons à notre assemblée s’attaque à ces causes fondamentales de la crise du capitalisme, en proposant deux séries de mesures. L’une s’attaque aux inégalités inadmissibles de notre fiscalité, l’autre favorise l’argent qui s’investit vers l’emploi, les salaires, la formation ou encore la protection sociale, et pénalise celui qui va vers les dividendes, les marchés financiers et, comme le dit l’économiste américain Galbraith, les « faux-monnayeurs ».
Combattre les inégalités, c’est combattre la crise. Il faut revenir à la progressivité de l’impôt, viser les plus riches en modifiant barème et taux de l’impôt sur le revenu au lieu de pénaliser le plus grand nombre, à coup de TVA notamment. Il n’est pas normal que cet impôt sur le revenu soit rendu profondément injuste par des cadeaux qui font qu’au lieu d’être imposés au taux actuel de 40 %, les mille plus riches de notre pays sont imposés à 25 % et les dix plus riches à 20 %.
Voilà pourquoi nous proposons de revenir au taux marginal de 54,8 % sans cadeaux fiscaux. Même chose pour l’impôt sur les sociétés qui, fixé à 33,3 %, fait dire au MEDEF que nous avons les impôts les plus élevés d’Europe, ce qui est complètement faux : à la sortie, les entreprises du CAC 40 ne paient que 8 %, c’est-à-dire moins qu’en Irlande, championne toutes catégories de la fiscalité la plus basse. On voit d’ailleurs où cela l’a menée.
Nous proposons une augmentation des impôts ciblée sur ceux qui possèdent le plus, qui gagnent le plus et profitent le plus, y compris de la crise. De ce point de vue, le milliardaire américain Warren Buffet sait de quoi il parle : « Je crois que les gens comme moi devraient payer plus d’impôts. Notre situation est meilleure qu’elle ne l’a jamais été. Il n’y a qu’une solution désormais, que la baisse des impôts des plus riches favorise l’économie, cela fait dix ans que nous le faisons et cela nous a menés tout droit à l’échec. »
La justice fiscale est aussi une des conditions de l’efficacité économique en incitant à orienter l’argent vers l’économie réelle. Toutes nos propositions, en particulier sur l’impôt sur les sociétés ou la taxation des revenus financiers pour les cotisations sociales, prévoient une modulation de l’impôt en fonction de l’utilisation faite de l’argent par les entreprises.
Il faut faire place nette de tout encouragement scandaleux à un enrichissement hors de mesure, à commencer par le bouclier fiscal, sans toucher évidemment à l’impôt sur la fortune, supprimer ou taxer de façon dissuasive stocks-options et autres rémunérations exceptionnelles qui constituent un véritable détournement de la richesse créée par le travail de tous.
C’est ce que vise aussi l’article concernant l’échelle des rémunérations, que nous proposons de ramener de 1 à 20, ce qui est déjà la pratique de 80 % des entreprises en France. Cela doit permettre de stopper cette fuite en avant qui a permis à l’échelle des revenus de passer de 1 à 40 en France il y a trente ans à 1 à 350 aujourd’hui.
La création d’un pôle national bancaire de crédit est indispensable pour orienter l’argent vers l’économie réelle. Enfin, des mesures d’urgence doivent être prises au plan européen contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux, ainsi que pour s’attaquer au fléau du triple dumping fiscal, social et environnemental.
Mes chers collègues, notre proposition de loi fait le choix de la justice fiscale et sociale, le choix d’orienter l’argent vers l’emploi, les salaires, la formation, le choix de mettre un terme au déficit budgétaire en comblant le vide des 100 milliards d’euros qui, selon Gilles Carrez, manquent au budget du fait de vos cadeaux fiscaux irresponsables aux plus riches.
C’est pourquoi nous vous demandons de voter cette proposition de loi présentée par les députés communistes, républicains et du parti de gauche. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
 

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Jean-Claude
Sandrier

Député de Cher (2ème circonscription)
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