Interventions

Explications de vote et scrutins

Déclaration du Gouvernement sur le programme de stabilité de la France 2013-2017

M. le président. La parole est à M. Nicolas Sansu, pour le groupe GDR.
M. Nicolas Sansu. Messieurs les ministres, je ne reviendrai pas sur mon intervention générale au cours de laquelle j’ai essayé d’exposer l’ensemble des motifs qui nous poussent aujourd’hui à proposer un changement de cap. La nouveauté, c’est que nous ne sommes pas les seuls à le faire. Récemment, dans les colonnes d’un quotidien canadien, l’économiste et prix Nobel Stiglitz soulignait l’absurdité de la voie suivie en France et en Europe.
Votre gouvernement garde pourtant l’œil rivé sur le déficit et s’accroche à l’objectif de 3 % de déficit public, espérant contre toute logique que la réalisation de cet objectif se traduira, comme par miracle, par un retour de la croissance. La réalité économique est tout autre. Les politiques conduites un peu partout en Europe sous la gouvernance du traité de stabilité ont fait replonger la zone euro dans la récession. On dénombre plus de 5 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi en France et le chiffre de 20 millions de chômeurs dans la zone euro a été atteint en février.
Personne ici ne nie la responsabilité de la droite dans cette situation. Mais je dirai à M. Mariton qui est parti…
M. Hervé Mariton. Non, je suis là !
M. Nicolas Sansu. Mon cher ami, à l’aune des 600 milliards d’euros de déficits supplémentaires en cinq ans, vos leçons sur la tenue des comptes publics apparaissent un peu comme de mauvaises caricatures.
Personne ne nie la responsabilité de la droite, disais-je, mais l’argument de l’héritage, mes chers collègues socialistes, tient de moins en moins…
M. Guy Geoffroy. Ah !
M. Hervé Mariton. Très bien !
M. Nicolas Sansu. …car le rôle de la gauche, c’est bien de faire le changement maintenant.
M. Hervé Mariton. Si c’était le cas, ça se saurait !
M. Guy Geoffroy. Le changement d’argumentaire, ça devrait être maintenant !
M. Nicolas Sansu. C’est ce qui a sans doute conduit certains de nos collègues socialistes à parler d’un « Munich économique et social ». L’expression est un peu rude, je vous le concède, mais elle a le mérite de la clarté : la fuite en avant dans la rigueur est une capitulation devant les marchés financiers qui n’offre aucune garantie de redressement et d’indépendance.
Bill Gross, gérant du fonds Pimco, l’un des principaux acteurs sur le marché des obligations, affirmait au Financial Times, que la plupart des pays européens ont commis l’erreur de croire que l’austérité, plus particulièrement la rigueur budgétaire à court terme, est la solution pour générer de la croissance réelle, mais ce n’est pas le cas. Et il ajoute : vous auriez dû dépenser de l’argent public.
M. Hervé Mariton. On prend l’argent où il est !
M. Nicolas Sansu. L’enjeu de la période qui s’ouvre est donc la relance de l’investissement productif, la relance du pouvoir d’achat et le financement de la transition écologique. Il nous faut sortir de ce dogme de la compétitivité qui nous a conduits depuis des décennies dans le mur et qui continue d’être l’alpha et l’oméga des politiques publiques en Europe.
Cette compétitivité, et on le voit à l’aune de l’ANI, est synonyme de baisse des salaires et des pensions, d’assouplissement des procédures de licenciement et de baisse des dépenses publiques.
Sans ergoter sur le terme d’« austérité », monsieur le ministre, vous restez partisan et prisonnier du dogme de la rigueur, de schémas de pensée hérités des doctrines libérales, qui nous ont conduits dans le mur ces dernières années, sans qu’on en tire de leçons.
A contrario, c’est parce que nous estimons qu’il faut rompre avec ces logiques mortifères pour privilégier la relance et nous engager dans la voie du changement promis et attendu que nous voterons contre votre déclaration. (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP.) Nous refuserons la voie encore plus injuste prônée par la droite.
En votant contre, mon cher collègue Dominique Lefebvre qui m’avez interpellé amicalement, nous ferons entendre les voix à gauche qui, bien plus largement que les seuls députés du Front de gauche, ont plaidé et plaident pour un changement de cap.

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Nicolas
Sansu

Député de Cher (2ème circonscription)

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