Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Questions sur les errements de Parcousup et les difficultés de l’enseignement supérieur

Je vais être très directe, madame la ministre : notre groupe ne regrette absolument pas APB. Il n’empêche que nous sommes toujours très opposés à Parcoursup, non parce que nous sommes nostalgiques du tirage au sort, mais bien parce que le nouveau système soutient selon nous une logique de sélection généralisée, qui a été encore renforcée depuis que cette plateforme de sélection a été couplée avec la réforme du bac. Un tel dispositif ne peut qu’aggraver les inégalités, a fortiori dans un contexte où vous refusez d’ouvrir des places en nombre suffisant à l’université ou dans l’enseignement supérieur public. Par conséquent, nous continuerons à œuvrer pour la suppression de Parcoursup – et, en attendant, nous cherchons à limiter ses effets pervers.

J’insisterai ici sur l’une de nos propositions : l’anonymisation des lycées d’origine. La Cour des comptes, la Défenseure des droits et la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) ont toutes recommandé l’anonymisation dans le processus de sélection, et je sais d’ailleurs que des discussions à ce sujet ont eu lieu au ministère. Dans son enquête, la Cour des comptes avait révélé que 20 % des formations font du lycée d’origine un critère de sélection ; quand le problème a été soulevé, ce sont les responsables des formations les plus sélectives qui se sont opposés à l’anonymisation en demandant qu’on leur fasse confiance, affirmant qu’ils étaient attentifs à favoriser la mixité. Mais franchement, nous devrions nous méfier d’eux en la matière, d’autant que rien ne prouve qu’ils agissent vraiment en ce sens.

J’ajoute que les dernières réformes ont encore creusé les inégalités entre les lycées, le caractère national et universel du bac ayant laissé place aux spécialités à la carte et au contrôle continu. Il faut vraiment remettre de l’égalité dans le dispositif ! Alors, madame la ministre, allez-vous enfin accéder à cette demande d’anonymisation ?

Mme la présidente

Mme Sylvie Retailleau, ministre

Je comprends votre requête, madame la députée, mais il faut savoir que l’indication du lycée d’origine n’est pas un critère : elle se trouve dans la fiche Avenir, qui n’est pas considérée comme un critère, puisqu’elle n’est pas utilisée dans le processus d’examen des vœux.

Cette information ne se trouve pas dans la liste des critères susceptibles d’alimenter l’outil d’aide à la décision mis à la disposition des commissions, et il n’est pas possible de l’y intégrer. Ce que vous craignez n’est donc pas possible. Comme vous le dites, ce sont les commissions d’examen des vœux, donc les enseignants qui y siègent, qui peuvent utiliser – ou pas – ce critère. La majorité de ceux qui s’en servent le font pour favoriser l’ouverture sociale, souvent dans le cadre des Cordées de la réussite : pour qu’un tel programme se concrétise, les « têtes de cordée » que sont les établissements d’enseignement supérieur doivent avoir connaissance du lycée d’origine pour savoir s’il fait partie des établissements « encordés ». En général, l’information est donc utilisée, quand elle l’est, en vue d’améliorer la mixité sociale. Vous dites qu’il ne faut pas faire confiance aux collègues ou du moins qu’il est difficile de leur faire confiance dans certains cas.

En tout état de cause, ces situations ne sont pas les plus nombreuses : dans de nombreux cas, les collègues travaillent en utilisant les Cordées de la réussite, qui est un vrai levier pour favoriser la mixité sociale. Les notes des épreuves de spécialités au baccalauréat vont aussi permettre une objectivation des dossiers. Dans les commissions des vœux, nos collègues prennent tous ces éléments en considération.

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