Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur « Prix payés aux producteurs par les entreprises de transformation et de distribution agroalimentaire »

DISCUSSION GENERALE

Le profit des industries agroalimentaires de Lactalis, de Danone, de Bigard, c’est le vol du revenu des agriculteurs. Le profit des firmes agroalimentaires de la grande distribution, c’est l’asphyxie de ceux qui veulent non pas mourir mais nous nourrir.

La poussée inflationniste que nous connaissons depuis 2021 n’est pas seulement une crise des coûts de production – comme certains pourraient le laisser croire –, mais une crise de valeurs. Nous devons nous en prendre au comportement vorace de ceux qui ont profité de la crise. Le Fonds monétaire international – FMI – l’a dit : la hausse des bénéfices des entreprises représente près de la moitié de l’augmentation des prix en Europe au cours des deux dernières années. La Banque centrale européenne – BCE – l’a dit, rappelant que le moteur actuel de l’inflation n’est pas les salaires – le suspect habituel des libéraux, souvent évoqué –, mais les marges des entreprises. Le président de l’Autorité de la concurrence l’a dit : la persistance de l’inflation est en partie due aux profits excessifs des entreprises, notamment du secteur qui nous intéresse. Même la Banque de France a fini par le reconnaître. Ces citations devraient vous parler à vous, les libéraux.

Devant tous ces constats, l’exécutif s’est cantonné à de l’attentisme béat, à des lois de bonnes intentions, laissant se creuser un peu plus la crise agricole que, semble-t-il, vous êtes les seuls à ne pas avoir vu venir. Rien n’a été fait ou alors si peu : la politique de l’aumône et la communication de l’artifice.

Emmanuel Macron avait promis de mettre en place, le plus rapidement possible, un accord sur la modération des marges dans le secteur. Où est passée cette promesse ? Nous cherchons encore. Nous ne retrouvons pas non plus les multiples menaces, injonctions morales et autres supplications de Bruno Le Maire qui, au mois d’avril, demandait aux industries agroalimentaires de faire un effort. Où est passée cette annonce ? Qu’est devenue la promesse de Bruno Le Maire, au mois de mai, d’utiliser « l’instrument fiscal pour récupérer les marges » ? Enfin et surtout, où est la liste des industriels de l’agroalimentaire qui ont refusé de faire baisser les prix qu’il avait promis de rendre publique en juin ?

Toutes les promesses de régulation ont fait peur aux libéraux que vous êtes. Les états généraux de l’alimentation comme les lois Egalim 1, 2 et 3 avaient beau être pavés de bonnes intentions, dès le début nous avions considéré qu’en l’absence de régulation et de mesures mettant fin à la concurrence libre et non faussée des traités de libre-échange – que vous continuez à négocier en catimini –, nous ne serions pas capables de répondre à l’urgence consistant à donner le juste prix à ceux qui veulent nous nourrir et ne pas mourir.

J’ai ressorti trois des propositions du président Chassaigne sur les prix planchers, sur la nécessité d’un droit aux revenus pour les agriculteurs, sur l’urgence à garantir des prix d’achat aux agriculteurs, ou encore sur l’impérieuse nécessité d’encadrer les prix des produits alimentaires.

Proposition de loi d’octobre 2009 : je la tiens à disposition de ceux qui veulent réinventer le fil à couper le saucisson.

Proposition de loi d’octobre 2011 : je la tiens à disposition du Président qui vient de retrouver des vertus au prix planchers qui ne doivent pas être des prix plafonds.

Proposition de loi d’André Chassaigne et du groupe communiste d’octobre 2015… C’est dire notre constance à défendre l’impérieuse nécessité de donner davantage aux agriculteurs qui contribuent à notre souveraineté alimentaire.

J’ai passé moi aussi, comme vous, et comme notre collègue Lecamp qui a du mal à s’en remettre, la journée au Salon de l’agriculture. Que disent les agriculteurs ? Qu’il existe, puisque l’agriculture contribue à la souveraineté alimentaire, une exception agro-agriculturelle ; qu’il faut donc reprendre la main en la matière pour les protéger et prendre soin d’eux. Pour cela, il faut des prix planchers. Il faut également mettre fin aux traités de libre-échange qui instaurent une concurrence qui fait concrètement souffrir l’agriculture dans les territoires.

Que disent les agriculteurs ? Ils ne demandent pas, comme j’ai pu l’entendre, moins d’État, moins de protection, mais davantage d’État, un État qui accompagne plutôt qu’un État qui les enquiquine et les emmerde au quotidien. Au bout du compte, ils demandent de faire leur travail, d’en vivre et de contribuer à faire vivre la ruralité vivante qui est la sève de l’identité de nos territoires… (Mme la présidente coupe le micro de l’orateur, dont le temps de parole est écoulé.)

Je tiens les propositions de loi à votre disposition !

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