Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur le thème "le localisme, une politique économique au service de la ré-industrialisation et de l’environnement

DISCUSSION GENERALE

Je dois avouer que, lorsque j’ai accepté d’intervenir sur le localisme, je n’avais pas une idée précise de cet Ovni politique qui nous était proposé. Par conséquent, je me suis efforcé de repenser un peu à ce que nous avions vécu en 2001, lorsque Moulinex fermait et qu’un certain ministre disait que l’État ne pouvait pas tout. Partant de cette absence d’État stratège et de politique nationale majeure consolidée pour défendre notre industrie, je me suis penché plus précisément sur vos propos, monsieur le ministre délégué, concernant la fabrication des casseroles. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) En France, cette fabrication est dominée par Tefal, filiale du groupe SEB, et par l’entreprise familiale de Buyer, installée dans les Vosges.

Ces entreprises se sont livrées dernièrement à un état des lieux de la fabrication et des ventes de casseroles dans notre pays. En 2022, le chiffre d’affaires lié aux ventes de ces ustensiles de cuisine fabriqués en France a progressé de 1,5 milliard d’euros dans l’Hexagone.

En 2023, ces mêmes industriels pronostiquent une légère baisse de la production, en raison de l’inflation et de la cherté de la vie qui frappent les ménages de notre pays. Vous-même, monsieur le ministre délégué chargé de l’industrie, vous avez tenu récemment à vanter la robustesse des casseroles tricolores (Rires sur divers bancs) , déplorant que nous n’en vendions pas assez. C’est vrai : la fabrication française ne représente que 25 % des produits vendus en France, le reste étant essentiellement importé de Chine. Écoutons ce que disent dans la presse que je qualifierai de bourgeoise (Sourires) ceux qui sont présentés comme les défenseurs de l’industrie française, pour aller dans le sens de vos propos encourageant la fabrication de casseroles made in France. Ces entreprises expliquent qu’elles sont contraintes par les impôts de production et le coût de la main-d’œuvre.

Cette explication, nous l’entendons de manière récurrente sur ces bancs dès lors que nous discutons de la production nationale et d’une politique sociale – salariale en particulier – qui aille dans le sens de l’intérêt des salariés et des consommateurs. Ces mêmes arguments sont repris par les députés du Front national qui vous donnent régulièrement un blanc-seing dans cette enceinte quand il s’agit de pratiquer votre politique récurrente consistant à diminuer les impôts de production et à consolider le blocage des salaires. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES et LFI-NUPES. – Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

En fait, le débat se déroule entre gens qui partagent la logique d’un capital organisant la division internationale du travail que nous subissons dans notre pays. C’est d’autant plus le cas que vous refusez d’imposer des exigences sociales et environnementales qui permettraient à nos productions nationales d’évoluer non pas dans un système de concurrence libre et non faussée – qui n’a de libre et non faussée que le nom – mais dans un système de concurrence loyale entre des pays producteurs qui assurent un haut niveau d’exigences salariales et environnementales.

La casserole Tefal, y compris en France, représente un enjeu environnemental. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES.)

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