Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur le thème « L’instrumentalisation politique des élections des parents d’élèves dans les conseils d’école »

DISCUSSION GENERALE

Il y a bientôt dix ans, la FSU alertait le Conseil supérieur de l’éducation sur « l’instrumentalisation de l’école par l’extrême droite ». À l’époque, des groupes de cette mouvance avaient en effet appelé à retirer les enfants de l’école une journée par mois pour protester contre des dispositifs destinés à lutter contre les stéréotypes de genre à l’école primaire.

Propagande mensongère, campagnes agressives, culture de la délation et cyberharcèlement des enseignants : voilà les méthodes de ces nouveaux acteurs mobilisés contre l’école publique.

Ainsi, en décembre 2022, l’extrême droite et ses réseaux ont mené une véritable campagne d’intimidation contre une professeure de philosophie de Valenciennes qui avait projeté une sortie scolaire dans un camp de migrants. Mis sous pression, le rectorat de Lille a annulé la sortie et cette enseignante a dû vivre pendant six semaines sous protection policière et être transférée dans un autre établissement en raison de menaces de mort.

Désormais organisés en association sous l’impulsion d’un parti d’extrême droite, ces personnes dénoncent aujourd’hui un supposé endoctrinement des élèves de la part de lobbys islamistes, LGBT et immigrationistes.

Ce collectif appelé Parents vigilants attaque régulièrement les enseignants et les personnels d’établissements qui dispensent des cours d’éducation sexuelle, sensibilisent sur les questions LGBT ou éveillent la conscience des élèves sur les sujets liés aux conditions de vie des migrants.

À Bordeaux et à Lyon, des responsables syndicaux, des infirmiers et des éducateurs de santé ont également dénoncé des intimidations et pressions de la part de parents opposés à l’enseignement de cours d’éducation à la vie affective et sexuelle.

Les élections de parents d’élèves organisées en octobre dernier ont permis à Parents vigilants, qui compte à présent des membres parmi le corps enseignant, de faire irruption dans les instances officielles de l’éducation nationale. Si l’entrisme de l’extrême droite avance, son discours cherche à se légitimer à travers les institutions.

Le 4 novembre s’est tenu au Palais du Luxembourg un colloque de l’association Parents vigilants, au cours duquel la thèse complotiste du grand endoctrinement est venue compléter la théorie raciste déjà connue du grand remplacement.

L’acte, dénoncé par une intersyndicale d’enseignants dans un courrier adressé au ministre, doit nous alerter sur le risque de banalisation de tels discours. L’extrême droite phagocyte toujours des revendications légitimes pour les mettre au service de son projet réactionnaire. Cette fois, ce sont les associations de parents d’élèves qui subissent les conséquences délétères liées à l’existence de ces groupes. Je tiens donc ici à saluer l’action des fédérations qui se battent au quotidien pour défendre l’école laïque et républicaine et améliorer les conditions d’études.

(Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES.)

La participation des parents est essentielle dans la réussite des élèves. Or, selon le rapport du Pisa 2022 (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), le pourcentage de parents investis au sein de l’établissement de leur enfant a considérablement diminué depuis 2018. En 2022, 24 % des familles avaient discuté, de leur propre initiative, des progrès de leur enfant avec un enseignant ; quatre ans plus tôt, elles étaient 36 %.

Ce désengagement n’est pas le marqueur d’un désintérêt des parents pour la scolarité de leur enfant ou pour la vie de l’établissement, mais s’explique souvent par un manque de temps. Face aux contraintes des parents, il est fondamental que l’État redonne à l’éducation publique sa portée émancipatrice et égalitaire.

Pourtant, 8 865 emplois d’enseignant ont été supprimés depuis le début du précédent quinquenna, alors qu’à la rentrée 2024, selon le SNES-FSU, il faudrait 43 000 emplois de plus dans le second degré pour retrouver les taux d’encadrement de 2006.

Non seulement les annonces du plan Choc des savoirs n’apportent pas de nouveaux moyens, mais elles imposent une ségrégation et un tri social accru en raison de l’instauration de groupes de niveaux et d’une classe préparatoire au lycée.

Madame la ministre de l’éducation nationale, l’école est un sanctuaire qu’il faut protéger des idées les plus réactionnaires. Quels moyens comptez-vous mettre en œuvre pour y parvenir ?

(Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES.)

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