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Lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Hier, l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire dénonçait l’opposition systématique des militants pour le climat, mais peut-être ceux-ci aimeraient-ils simplement pouvoir compter sur les ministres chargés de notre avenir ?

Comme beaucoup d’autres, je marchais hier avec les actrices et acteurs incontournables de la lutte contre le changement climatique, parmi nos concitoyens, les jeunes et les moins jeunes, les syndicats, les partis et les associations. Nous étions nombreux pour exiger une vraie loi pour le climat et surtout pour dénoncer l’inaction des pouvoirs publics face à la destruction de nos biens communs. Car oui, le plus grave, c’est ce que vous ne faites pas.

Les membres de la Convention citoyenne pour le climat, tirés au sort et qui des mois durant ont planché sur des propositions d’actions concrètes le répètent : ce projet de loi est une suite de mesurettes visant à verdir le discours d’un Président en quête de popularité, un Président qui ne savait pas comment se sortir du mouvement des gilets jaunes et qui est évidemment incapable de faire autre chose que du greenwashing. Comment pourrait-il en être autrement quand, dans le combat contre la destruction de la planète, vous vous refusez à affronter la concurrence libre et non faussée, le dumping social, l’hyperconsommation, pendant du capitalisme, le souci de rentabilité pour tout ce qui concerne nos vies, les traités de libre-échange, quand vous continuez d’affaiblir les services publics ?

Puisqu’il s’agit pour le Président de la République de préserver les grands intérêts privés, le texte a renoncé, dès le départ, à s’attaquer aux causes profondes du réchauffement climatique. Les propositions ambitieuses de la Convention ont été balayées d’un revers de main : ISF – impôt de solidarité sur la fortune – climatique, taxe sur les dividendes, responsabilité climatique des grandes entreprises, ou encadrement strict du transport aérien, les exemples ne manquent pas.

Pour opérer les changements nécessaires, la démocratie devra déployer tous ses outils, à toutes les échelles. Nous constatons une fois de plus que ce n’est pas votre fort : après avoir évincé ou rabougri les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, vous avez massivement rejeté les amendements, du moins ceux qui n’avaient pas été jugés irrecevables au préalable.

De l’ambition, de la volonté politique et des actes forts : voilà ce qui était nécessaire de votre part pour faire face à la situation, mais que nous ne pouvons attendre de vous. Vos renoncements nous mettent en danger. Notre société le comprend de mieux en mieux, ce qui suscite un formidable espoir et un formidable levier.

La majorité sous-estime très certainement la conscience qu’ont les classes populaires de l’urgence climatique. Tout d’abord, elles en affrontent très concrètement les ravages ; l’écologie n’est pas qu’une préoccupation bourgeoise. Elle est aussi une aspiration collective à vivre mieux, à vivre ensemble et à vivre en décidant de notre destinée commune.

Regardez le monde du travail se mobiliser, ces salariés en grève sur le site de la raffinerie Grandpuits, mobilisés contre les centaines de suppressions d’emplois annoncées par le groupe Total alors même que celui-ci réalise des milliards d’euros de bénéfices sur le dos de ses salariés et de la planète. À leurs côtés se tiennent la Fédération des Amis de la Terre et Greenpeace ; ils montrent la voie en défendant collectivement des propositions pour travailler à la fois sur la question de l’emploi et sur celle de la transition énergétique, pour sortir du pétrole et de toutes les énergies carbonées.

Il en va de même pour les salariés d’EDF opposés au projet Hercule. Nous les soutenons, car EDF peut être un outil formidable pour opérer la transition énergétique, à condition de ne pas démanteler cette entreprise, de ne pas la privatiser pour la livrer aux intérêts privés, comme vous vous apprêtez à le faire, en nous plaçant encore une fois devant votre faux désarroi, votre apathie complice.

Ce projet de loi est bel et bien un acte de censure de la Convention citoyenne pour le climat et des inquiétudes de la population. Alors que tous les voyants climatiques sont au rouge, que la crise climatique a révélé que nous avons besoin d’une bifurcation majeure, qu’une opportunité se présente pour articuler fin du monde et fin du mois, vous renoncez. Comptez-vous vous attaquer à la transformation profonde du mode de production actuel, qui promeut une société du tout jetable, des gaspillages invraisemblables au prix d’une qualité de vie dégradée pour la grande majorité de nos concitoyens ? Non. Allez-vous regarder les patrons des multinationales avec la même passivité que lorsqu’ils détruisent l’emploi et la vie de milliers de personne ? Oui. Les banques françaises pourront-elles continuer d’investir dans les énergies fossiles en toute tranquillité ? Oui. Air pollué, alimentation toxique, outils et objets de pacotille, ce monde de la marchandise est-il le seul avenir que vous proposez ? Oui. En fait, ces préoccupations ne sont pas les vôtres, car elles mettent en danger votre modèle. En revanche, elles nourrissent nos inquiétudes, car elles mettent en péril notre planète, notre humanité. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SOC.)

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Elsa
Faucillon

Députée des Hauts-de-Seine (1ère circonscription)

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