La loi olympique achève son parcours législatif. Celui-ci aurait pu se dérouler sans accroc si le texte s’était limité aux mesures permettant d’organiser un événement aussi important pour notre pays que les Jeux olympiques et paralympiques. Cette loi aurait dû être à l’image de ce que nous attendons de ces Jeux : un moment de concorde, d’union nationale autour d’un objectif commun.
Seulement, le Gouvernement a fait le choix d’y introduire un nombre important de dispositions sans lien direct avec les Jeux olympiques : l’article 7, relatif au traitement algorithmique de la vidéoprotection, est un point de désaccord important, et nous regrettons que le Gouvernement s’obstine à utiliser cet événement comme une expérimentation à visée pérenne.
De même, les nouvelles dérogations aux règles encadrant le travail dominical ne nous paraissent pas justifiées et nous déplorons qu’elles aient été conçues sans que soient associés les membres du comité de la charte sociale Paris 2024 ni les syndicats. Même si nous avons apprécié les avancées obtenues au cours du débat, nous avons noté qu’elles s’étaient réduites comme une peau de chagrin au cours des travaux de la commission mixte paritaire.
Enfin, les dispositifs renforçant la répression nous paraissent une mauvaise réponse à la lutte contre la violence dans les stades, lutte que nous approuvons. Nous soutenons cependant toute une série de mesures relatives à la bonne organisation des Jeux, à la lutte antidopage en particulier, l’article 5 étant rédigé dans le respect de chacun, grâce au travail du président Brotherson notamment.
De Saint-Denis à Tahiti en passant par Marseille et Châteauroux, les Jeux ne seront réussis que s’ils sont populaires. Les événements sportifs tels que la semaine olympique doivent se multiplier, et des labels comme Terre de Jeux 2024 ou Génération 2024 doivent avoir du contenu.
Stéphane Mazars et moi sommes les corapporteurs d’une mission d’information sur les retombées des Jeux. Le mouvement sportif, le sport scolaire et universitaire nous disent placer beaucoup d’espoirs dans les Jeux : ils attendent qu’ils enclenchent des politiques publiques et que la pratique sportive bénéficie de moyens supplémentaires mais, pour l’instant, c’est encore beaucoup trop timide.
Vous l’avez dit vous-même, madame la ministre, le sport à l’école est la mère des batailles. Mais il faut en convaincre le ministre de l’éducation nationale et mettre fin aux centaines de suppressions de poste de professeur d’éducation physique et sportive (EPS) intervenues depuis la dernière législature. (Mme Andrée Taurinya applaudit.) Surtout, il faut consacrer l’EPS comme une véritable matière scolaire.
Nos préconisations en la matière sont sur la table depuis que nous avons déposé, sous le précédent quinquennat, une proposition de loi sur la démocratisation du sport. Nous souhaitons que collégiens et collégiennes aient quatre heures hebdomadaires d’EPS, que le diplôme national du brevet des collèges inclue une épreuve à part entière dans cette discipline et que se développe l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep), qui existe dans 20 % des établissements pour l’instant mais qui licencie 700 000 enfants.
À l’instar de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS), le sport scolaire est une passerelle entre l’école et les clubs. C’est un outil autrement plus puissant que les trente minutes d’activité physique quotidienne. Nous souhaitons également la nomination, dans chaque école élémentaire, d’un référent EPS parmi les professeurs, épaulé par des conseillers pédagogiques.
Mais il y a tant à faire ! Profitons des Jeux pour impulser une grande loi-cadre en faveur du sport, qui prévoirait une trajectoire budgétaire ascendante. Le sport, si présent dans la vie de nos concitoyens, ne représente que 0,3 % du budget de l’État ! Alors, dès l’adoption de cette loi, mettons-nous enfin au travail pour construire le service public du sport en faveur de la culture sportive pour toutes et tous que nous appelons de nos vœux
Madame la ministre, la Seine-Saint-Denis accueille le centre aquatique olympique, et c’est une excellente nouvelle ; le département sera ainsi équipé de nouveaux bassins. Mais si dans deux, trois ou quatre ans, plus de la moitié des enfants de ce département ne savent toujours pas nager, alors toutes les médailles remportées par nos athlètes ne pourront masquer l’échec des ambitions affichées. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES.)
Enfin, les transports seront l’un des grands enjeux de l’organisation des Jeux olympiques. Les difficultés sont importantes à cet égard, et tout le monde s’accorde à reconnaître que, dans ce contexte, l’ouverture à la concurrence du réseau de bus de la région parisienne au 31 décembre 2024 n’est absolument pas raisonnable.
Il faut y surseoir, comme je le suggère dans une proposition de loi dont l’examen en commission débutera ce soir.
Notre groupe est très favorable aux Jeux olympiques. Nous pensons qu’ils sont une chance et une responsabilité pour la France. Aussi voulons-nous nous donner tous les moyens pour les réussir. Nous aurions aimé voter ce texte mais, la teneur de plusieurs articles nous en empêchant, nous nous abstiendrons.