Gratuité des parkings d’hôpitaux publics
Publié le 3 novembre 2025Voilà vingt ans que le sujet du paiement du stationnement pour les patients et les visiteurs des hôpitaux émerge avec force. Vingt ans que nous le combattons aux côtés des associations de patients, des syndicats de personnels soignants et de certains élus locaux – souvent de gauche, d’ailleurs.
Vingt ans que l’on ne vous voit pas, vous le FN, devenu le RN (Exclamations sur les bancs du groupe RN), que l’on ne vous entend pas sur le sujet. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Et puis, tout d’un coup, vous vous en emparez. Vous le faites par opportunisme, comme si le sujet venait de naître sous l’irresponsabilité des directeurs de centres hospitaliers. Vous vous en emparez par populisme, comme si une loi pouvait suffire à régler le problème – je me demande d’ailleurs si une directive ministérielle ne serait pas suffisante, puisque vous n’évoquez que l’hôpital public ; la ministre nous le dira.
S’en prendre aux conséquences en ignorant volontairement les causes est votre credo favori. Vous vous emparez aussi de ce sujet par clientélisme. Les cliniques privées qui, dans bien des endroits, sont les seules à traiter certaines pathologies, accueillent des patients qui n’ont pas le choix d’aller ailleurs. Pour eux, le parking restera payant. Il ne faudrait quand même pas toucher aux dividendes des actionnaires ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)
Pourquoi les hôpitaux ont-ils été contraints, à partir de 2005, de déléguer les investissements et donc la gestion des parkings ?
Parce qu’en 2004 était instaurée la tarification à l’activité (T2A) comme mode de financement des hôpitaux.
Devant l’austérité qui s’installait, les conseils d’administration, devenus conseils de surveillance, ont choisi de financer prioritairement le soin – et parfois l’amélioration des conditions de travail. L’hôpital n’était plus un service public mais un établissement dont la gestion comptable devait être à l’équilibre. Nous le devons aux ministres Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand – votre copain.
Une succession de situations – ou de décisions – a encore aggravé les choses, qu’il s’agisse du coût des médicaments ou du recours massif et contraint à l’intérim. Heureusement, les choses se sont un peu calmées grâce aux médecins venus de pays étrangers, notamment d’Afrique, qui ont permis à l’hôpital de respirer un peu ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.) Avec le groupe GDR et nos camarades sénateurs, nous avons pu mesurer les conséquences de cette politique dans le cadre du tour de France des hôpitaux lancé par le député Alain Bruneel en 2018.
Dans ma ville du Havre, depuis 2005, la lutte et les actions du Collectif pour l’accès gratuit à l’hôpital, qui a su mobiliser largement les habitants, ont duré de longs mois. Le maire de la ville – celui de l’époque, qui l’est toujours – rétorquait qu’il fallait se conformer à la loi et réduire les déficits. Comme ses homologues, il devenait en effet à l’époque, pour paraphraser Nicolas Sarkozy, le véritable patron de l’hôpital. Cette mobilisation au Havre – qui a existé ailleurs – a permis de gagner à ce moment-là une heure et demie de parking gratuit – dans cette ville, le paradoxe était que le parking était gratuit au nouveau casino et payant à l’hôpital.
Les gens n’acceptent pas d’avoir à sortir leur carte bleue avant leur carte Vitale. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) La bataille se poursuit au Havre, encore aujourd’hui, pour libérer du paiement tous les parkings de tous les établissements de santé, publics comme privés ! Cette proposition a été relayée dans le programme de toutes les listes de gauche s’opposant successivement à Édouard Philippe lors des élections municipales. Je n’ai rien lu de tel dans les programmes de vos affiliés locaux. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Voilà à quoi conduit l’application des logiques économiques libérales, que vous approuvez pleinement par ailleurs tout en simulant la compassion pour les victimes.
Nous ne voterons pas votre proposition de loi. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
Et vous pourrez dire partout que c’est parce que les députés communistes et ultramarins du groupe GDR préfèrent voter un budget de la sécurité sociale ambitieux, avec les recettes correspondantes, contrairement à vous ! (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) Un budget qui permettra de mieux soigner tout le monde, de mieux rémunérer le personnel soignant et l’ensemble des personnels de santé (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR), de financer les médicaments de dernière génération et d’adapter l’outil, le matériel et l’accueil nécessaires, mais aussi de financer la gratuité des parkings ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et LFI-NFP ainsi que sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS.)