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Démocratisation du sport - Lect déf

Il est difficile de prendre la parole à cette tribune sans dire, après le basculement grave qui s’est produit ce matin en Ukraine, notre pensée pour les populations civiles directement menacées, et sans appeler la communauté internationale à tout faire pour que l’agression russe cesse et pour protéger les populations – j’ai évidemment aussi une pensée pour nos compatriotes sur place.

J’en reviens à la proposition de loi qui suscite de l’insatisfaction dans nos rangs, à la mesure des attentes fortes qu’elle avait provoquées. Les députés communistes et l’ensemble du groupe de la Gauche démocrate et républicaine regrettent l’absence d’une grande loi sur le sport au cours de ce quinquennat. Malheureusement, le sport est un peu apparu comme la dernière des priorités, ce qui se traduit par l’adoption au dernier moment de la législature d’un texte qui n’est pas calibré pour mener d’ambitieuses politiques publiques sportives.

Je regrette que cette proposition de loi ait aussi été le prétexte à de rances tribunes politiques sur le sujet des signes religieux dans le sport, cherchant à exclure des femmes de la pratique sportive, à mille lieues de l’intention de démocratiser le sport. Nous dénonçons bien évidemment ce discours et nous apportons notre soutien à toutes les femmes sportives, heurtées et révoltées par ces propos outranciers.

Au cours des différentes lectures de la proposition de loi, nous avons pu, en soutenant nos amendements, développer notre vision du sport pour notre pays, celle de la construction d’un service public du sport en faveur d’une culture sportive pour toutes et tous. C’est l’enjeu : casser les barrières qui entravent la pratique, aller chercher les publics éloignés du sport. Nous connaissons les leviers pour parvenir à faire de la France une nation sportive qui ne peut être résumée au nombre de médailles olympiques et paralympiques qu’elle récolte, une nation sportive qui ne pourra se construire que grâce au soutien accru aux clubs de proximité et par la construction du statut de bénévole.

Je profite d’aborder la question centrale de l’école pour renouveler notre opposition à l’article 3 bis B créant des alliances éducatives territoriales en lieu et place de l’obligation de création d’associations sportives dans les établissements scolaires. Cette confusion autour du sport scolaire dure depuis trop longtemps. L’USEP dans le premier degré et l’UNSS – Union nationale du sport scolaire – dans le second, animées par les professeurs des écoles et les professeurs d’EPS, doivent être confortées dans leurs missions. Il en est de même pour l’éducation physique et sportive qui n’est plus considérée comme une véritable matière – elle a par exemple disparu de l’épreuve du brevet. C’est aussi pour cela que nous sommes résolument opposés à l’article 3 quater A instaurant une heure d’activité physique quotidienne en dehors de l’EPS. Le sport à l’école, ce n’est pas bouger trente minutes par jour. Les enfants ont besoin de pratiquer l’éducation physique et sportive avec des professeurs des écoles suffisamment formés en amont, afin d’acquérir les habitus en matière de pratique qui leur seront nécessaires toute leur vie.

Si ce texte comporte des articles auxquels les députés communistes s’opposent, ces derniers saluent en revanche les avancées relatives à la parité et à la gouvernance des fédérations. Malgré le détricotage au Sénat, repoussant aux calendes grecques la parité dans les instances dirigeantes des fédérations et supprimant la limitation des mandats dans le temps, le Gouvernement et Mme la ministre déléguée ont tenu bon. Nous soutenons ces articles revenus à leur version initiale.

Nous soutenons également l’ouverture à la légalisation des fumigènes dans les stades, mettant fin à un système d’interdiction hypocrite qui créait plus de dangers qu’autre chose. De manière plus large, dans la continuité du rapport d’information de nos collègues Sacha Houlié et Marie-George Buffet, nous devrons poursuivre le travail pour construire un modèle du supporterisme à la française. Le sport sans supporters perd considérablement son âme. Les supporters et les ultras sont parties intégrantes des clubs, de leur histoire. Si nous devons avoir la main ferme contre les hooligans, les violences, les discriminations, nous devons promouvoir le supporterisme, donner plus de droits aux associations et reconnaître leur rôle social.

Vous aurez reconnu, dans ma voix, les mots de ma collègue Marie-George Buffet qui s’associe à moi dans ce constat.

Enfin, nous regrettons l’absence dans ce texte de mesures luttant contre la marchandisation à outrance du sport, les bulles spéculatives qui fragilisent les clubs, comme nous le voyons dans le football. La création de sociétés commerciales pour exploiter les droits télévisuels ne contribuera pas à une meilleure régulation – pourtant indispensable – du sport professionnel.

Vous aurez compris en m’entendant exprimer nos attentes et insatisfactions que le groupe GDR s’abstiendra sur cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

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Elsa
Faucillon

Députée des Hauts-de-Seine (1ère circonscription)

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