Il n’aura pas fallu plus de trois heures à la majorité présidentielle pour porter un rude coup au pluralisme de la presse. En catimini et au pas de charge, l’Assemblée nationale a adopté dans la nuit passée le texte du sénateur UMP, Jacques Legendre, qui fait voler en éclat le système coopératif de distribution de la presse mis en place au lendemain de la Libération.
Ce système permettait que tous les journaux, quelles que soient les idées qu’ils portent, quel que soit le nombre de leurs lecteurs et quels que soient les soutiens financiers dont ils disposent, soient distribués sur tout le territoire. Ce mode de distribution coopératif permettait donc de soustraire la diffusion de la presse au pouvoir de l’argent.
Avec la loi adoptée hier en toute hâte, et sans même qu’aucun amendement ne puisse être examiné, seuls les groupes de presse qui auront suffisamment d’argent pour pouvoir distribuer leurs journaux, auront droit à la parole. Et la pluralité des titres ne sera en rien garante du pluralisme des idées pourtant essentiel pour la démocratie. De fait, c’est donc aussi les valeurs démocratiques que défendaient les salariés de Presstalis, la société coopérative qui distribue les titres nationaux, en grève contre une loi qui va également sacrifier leurs emplois.
Voila pourquoi, en regrettant d’être seule à le faire, j’ai voté contre ce texte dont les journaux d’opinions vont être les premiers à faire les frais dans un pays où désormais le seul point de vue qui vaille devrait être celui émis de l’Elysée.
Communiqués de presse
Trois heures pour porter un coup sérieux au pluralisme de la presse
Publié le 6 juillet 2011
Marie-George
Buffet
Députée
de
Seine-Saint-Denis (4ème circonscription)