Après l’annonce, en grande pompe, d’une réforme radicale de la politique du médicament, force est de constater qu’une fois de plus le gouvernement se couche devant l’industrie pharmaceutique. Le texte qui sera examiné par les Député-e-s à la fin du mois, n’empêchera en rien la survenue d’un nouveau drame comme celui du Médiator.
Analysant les dérives qui ont conduit au maintien sur le marché d’un produit responsable de plusieurs centaines de morts, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) prônait pourtant qu’un terme soit mis à l’omniprésence des laboratoires tout au long de la chaîne des décisions qui autorisent la mise sur le marché de tel ou tel médicament. L’Igas recommandait, en fait, que la commercialisation d’un médicament soit conditionnée par la preuve de son apport thérapeutique et non par la manne financière qu’il peut représenter. Le Sénat a été encore plus clair dans un rapport qui prônait la mise sur pied d’une expertise publique exercée non plus par des envoyés des labos mais par des experts indépendants. Dans la même logique, l’Igas comme le Sénat proposaient la suppression des visiteurs médicaux chargés d’inciter les médecins à prescrire tel ou tel médicament.
De ces conseils, on ne trouve plus trace dans le texte du gouvernement défendu, aujourd’hui, par le Ministre Xavier Bertrand devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Ce texte, en effet, maintient la domination des labos. Leurs représentants dans les différentes agences seront priés de bien vouloir déclarer les liens qui sont les leurs avec l’industrie pharmaceutique. Et, connaissant le grand pouvoir d’absolution de ce gouvernement à l’égard de la finance, la faute, pour peu qu’elle soit avouée, sera immédiatement pardonnée.
Une réforme digne de ce nom exige la création par l’Etat d’un corps d’experts en santé publique indépendants, la suppression des visiteurs médicaux et leur remplacement par des agents publics chargés non plus de promouvoir les médicaments mais d’informer le corps médical des évolutions de la pharmacologie. Sauf à avoir pour seule ambition de différer légèrement le prochain drame.
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