La Présidente de l’Assemblée nationale a fait aujourd’hui des déclarations qui sont particulièrement inquiétantes, voire même ubuesques pour la garante de notre Institution.
Elle appelle le Gouvernement à ne pas avoir peur de l’Assemblée mais dans le même temps laisse transparaitre sa crainte du pouvoir délibératif des députés et sa défiance vis-à-vis du pluralisme.
En validant la stratégie adoptée par le socle commun, qui détourne les outils parlementaires pour priver les élus de leur capacité délibérative – comme nous l’avons dénoncé dans un courrier que nous lui avons adressé hier –, elle exprime son aversion pour le débat. A tel point qu’elle ne regrette pas que le pouvoir législatif des députés soit abandonné aux seuls sénateurs.
Mais pire encore, elle nous fait savoir combien elle redoute l’expression de la diversité des membres qui la composent.
Nous lui rappelons qu’en 2009 l’Assemblée avait décidé à l’unanimité d’abaisser le seul à 15 députés pour pouvoir constituer un groupe afin, au nom du pluralisme, de redonner de l’air à la démocratie parlementaire. En souhaitant l’augmentation du seuil à 25 ou 30, elle va à rebours de cette avancée démocratique. Une proposition qui contraindrait les députés à se regrouper sans tenir compte de leurs affinités politiques. Pour rappel, en 2017, seuls les groupes LREM, Modem et LR dépassait le seuil de 30 députés.
Nostalgique de la bipolarisation de la vie politique, elle veut contraindre les députés minoritaires à se faire absorber par des groupes pléthoriques. Un objectif qui contrevient à sa prétendue volonté de co-construction de la loi. Sa proposition ne vise qu’à faire taire d’emblée les nuances politiques minoritaires et à permettre au camp présidentiel de dérouler la feuille de route libérale d’Emmanuel Macron.
Les Français se sont clairement exprimés lors des élections de 2024 et ont choisi une Assemblée riche de sa diversité. Casser le thermomètre ne guérit pas la fièvre et nous appelons la Présidente Braun-Pivet à composer, sans parti pris, avec l’ensemble des forces de l’Assemblée.