Mardi soir, sous l’impulsion du gouvernement et des députés LREM, LR, UDI et Modem, l’Assemblée Nationale a adopté une résolution portant sur les accords Bâle III. Officiellement intitulée « préserver le financement de l’économie », la résolution aurait plutôt dû s’appeler « préserver la compétitivité du secteur bancaire ».
Les accords Bâle III, négociés au niveau européen au lendemain de la crise de 2008, avaient pour objectif d’accroitre le contrôle bancaire afin de se prémunir d’une nouvelle crise financière. Bien qu’insuffisants de notre point de vue, ils constituent une avancée nécessaire pour la stabilité financière de l’économie, toujours très fragile. Pourtant, la résolution adoptée hier vise à bloquer l’application de ces accords.
Il s’agit d’une grave erreur, qui porte atteinte à la stabilité financière mondiale et qui fait de la France l’un des leaders de la dérégulation bancaire. En adoptant une telle résolution, les députés des groupes cités ont cédé à la tentation de l’oubli, 10 ans après la crise financière de 2008. Cette crise, avec le sauvetage des banques, a pourtant fait passer la dette française de 1200 Md€ en 2008 à 1700 Md€ en 2011, permettant de justifier la politique d’austérité budgétaire mise en place depuis.
Derrière des arguments économiques sans fondement, ils ont aussi montré qu’ils avaient cédé aux chantres du lobby bancaire, qui manœuvre depuis des mois pour bloquer la mise en application de ces accords. Deux mois après la nomination à la tête de Bercy de l’ancienne directrice de la fédération bancaire française, il s’agit d’une nouvelle preuve de la colonisation du pouvoir par le monde de la finance.
Il est grand temps de stopper la gangrène et de remettre la finance au pas, afin qu’elle serve efficacement le bien commun.